Créer une entreprise en 2021
Avant de nous pencher sur le financement, nous tenons à vous parler des différentes étapes de la création d’entreprise. Car elles mettent en lumière plusieurs éléments déterminants dans le choix du financement : le modèle d’affaires, le marché, ou encore les prévisions financières.
Les principales étapes que nous vous présentons ci-dessous sont l’étude de marché, le business plan et les formalités administratives.
L’étude de marché
L’étude de marché est un document central dans votre stratégie de lancement. Elle permet de valider la pertinence de votre projet et de mesurer vos chances de pouvoir évoluer face à la concurrence.
En effet, la première étape de votre étude consiste à mesurer la demande potentielle sur votre marché : combien de personnes ou d’entreprises sont susceptibles d’acheter votre offre ?
Une fois connus, vous devez vous rapprocher de vos clients cibles, afin de connaître leurs habitudes, leurs problématiques et leurs standards. Cela va vous permettre de dessiner l’avatar de votre client type (on parle en marketing de buyer persona). Cette étape vous permettra d’améliorer votre offre et votre communication, en vous recentrant sur ce qui compte vraiment : votre client.
L’autre acteur important sur votre marché est la concurrence. En effet, disposez-vous d’un boulevard – tant votre offre est novatrice ou focalisée sur un segment de marché – ou au contraire, allez-vous vous confronter à une concurrence importante ? Pour avoir une idée claire quant à la concurrence sur le marché, vous devez faire une étude concurrentielle :
- – Quels sont les concurrents ?
- – Depuis quand sont-ils présents ?
- – Quelles sont leurs caractéristiques ?
- – Quelles sont leurs parts de marché ?
En ayant une vision globale sur la taille de votre marché potentiel et sur les parts de marché que vous pourrez conquérir, vous disposerez des informations nécessaires pour calculer votre chiffre d’affaires prévisionnel.
Ce chiffre – mesurant le montant de vos ventes prévisionnelles – est le point de départ de votre business plan. C’est également un des garants de la crédibilité de votre modèle d’affaires : un argument essentiel dans votre recherche de financement.
Le business plan
Le business plan (plan d’affaires) est un document présentant les prévisions financières d’une activité. Dans le cadre d’une création d’entreprise, son but est de fixer les objectifs d’activité à atteindre, et de présenter aux parties prenantes (actionnaires, investisseurs, banques, etc.) les chiffres prévus pour les premières années. L’horizon de temps d’un business plan est en général de 3 ans.
Ce document clé se compose de plusieurs états financiers :
- – Le bilan prévisionnel, qui présente le patrimoine de l’entreprise : l’actif (immobilisations, stocks, créances) et le passif (capitaux propres et dettes). Il met en lumière la structure financière de l’entreprise.
- – Le compte de résultat prévisionnel, qui chiffre les prévisions d’activités en termes de produits (principalement les ventes) et de charges. Il met en avant des indicateurs clés tels que la marge commerciale, l’EBE ou le résultat net comptable.
- – Le plan de trésorerie, qui se concentre sur les cycles de trésorerie prévisionnels : quels seront les encaissements et les décaissements de l’entreprise sur l’ensemble de la période ?
- – Le plan de financement, document qui présente les emplois nécessaires au lancement de votre activité et les ressources permettant de financer ces besoins.
Le business plan et l’étude de marché donnent des indications précises sur l’activité future de l’entreprise. Ils vous aideront à choisir les modes de financement les plus adaptés, et appuieront vos demandes auprès des financeurs.
C’est seulement une fois ces deux documents cadrés, que la création de l’entreprise peut être lancée. Car les dirigeants ont pu présenter des documents chiffrés, validant leur idée de départ. Avant de tester cette idée sur le marché, il faudra passer par des formalités administratives liées à la création d’entreprise.
Les formalités administratives
Les formalités administratives marquent le début de la création de l’entreprise. Elles permettent de cadrer la gouvernance et les règles de gestion, et d’informer les tiers de la création d’une nouvelle entité.
Les principales formalités administratives à remplir lors de la création de l’entreprise sont les suivantes :
- – Les statuts : document écrit qui contient les principales caractéristiques de la société, ainsi que les règles de fonctionnement et d’organisation (entre les associés et avec les tiers).
- – Le pacte d’associés : document complémentaire aux statuts, le pacte d’associé sert à fixer les règles d’entrée, de vie et de sortie des associés.
- – La déclaration de création : formulaire nécessaire à l’obtention d’une immatriculation pour la nouvelle société.
- – L’avis de constitution : publication dans un journal d’annonces légales, qui informe les tiers de la création de la société.
- – L’immatriculation : liste de documents à transmettre au CFE (centre de formalité des entreprises), pour immatriculer votre entreprise.
Votre nouvelle entreprise existe officiellement une fois ces formalités effectuées. Vous pouvez vous entourer d’un expert-comptable ou de prestataires spécialisés, pour vous aider à accomplir ces différentes tâches.
Face à tous ces chiffres et ces efforts à fournir pour lancer votre business, vous hésitez peut-être à vous lancer ? Dans ce cas, sachez qu’il existe de nombreuses aides à la création d’entreprise.
Les principales aides à la création d’entreprise
Afin d’encourager les entrepreneurs et dynamiser l’économie française et européenne, plusieurs aides ont été mises en place. Elles ont principalement pour but de faciliter le lancement de nouveaux projets. Car les premières années sont souvent les plus difficiles : confrontation au marché, adaptation à la demande, nécessité d’investir.
Nous vous présentons ici les différentes aides financières, fiscales et sociales à la disposition des créateurs d’entreprises.
Les aides financières
Les principales aides financières auxquelles vous pouvez prétendre sont des prêts aux conditions particulièrement intéressantes quand on se lance :
- – Le prêt NACRE : une “aide au montage du projet de création ou de reprise d’entreprise, à la structuration financière et au démarrage de l’activité” (service-public.fr) qui vous permet notamment d’obtenir un prêt à 0% (montant maximum de 10 000€).
- – Le prêt d’honneur des plateformes initiative locale : un prêt à taux zéro accordé par un comité d’honneur d’Initiative France. Le montant se situe entre 3 000€ et 50 000€ (9 700€ en moyenne).
- – Le prêt d’honneur du Réseau Entreprendre : un prêt à la personne, sans intérêts ni garanties et remboursable sur 5 ans. Vous devez effectuer une demande sur le site de Réseau Entreprendre. Le montant se situe entre 10 000€ et 50 000€.
- – Les aides publiques de la BPI (Banque Publie d’investissement), telles que les Bourses French Tech, ou le prêt d’amorçage Bpifrance.
Sur ce dernier point, n’hésitez pas à consulter la base nationale des aides publiques aux entreprises, présentant les aides régionales et locales auxquelles vous pouvez prétendre.
Les aides fiscales
Certaines aides de nature fiscale peuvent être particulièrement intéressantes pour les créateurs d’entreprise. Il s’agit principalement d’exonérations d’impôts, qui dépendent de zones géographiques précises :
- – Exonération d’impôts locaux dans les zones de revitalisation des commerces en milieu rural
- – Exonération d’impôts locaux dans les zones de revitalisation des centres-villes
- – Exonérations d’impôts dans les zones AFR (zones d’aide à finalité régionale)
- – Exonérations d’impôts dans les ZRR (zone de revitalisation rurale)
Les entrepreneurs qui créent une société en apportant de l’argent au capital social (apport en numéraire), peuvent bénéficier à titre personnel d’une réduction d’impôt sur le revenu. Il s’agit du dispositif “Madelin”.
Autre avantage fiscal, la possibilité de déduire les intérêts d’un emprunt contracté pour souscrire au capital d’une société : BOI-IR-RICI-130-10.
Les aides sociales
Ce type d’aide permet aux créateurs de réduire les cotisations sociales, ou de maintenir les allocations-chômage durant les premières années.
L’Aide aux Créateurs et Repreneurs d’Entreprise (l’ACRE) “consiste en une exonération partielle de charges sociales, dite exonération de début d’activité, et un accompagnement pendant les premières années d’activité. Elle permet aussi à certains bénéficiaires de prétendre à d’autres formes d’aides” (service-public.fr).
L’Aide à la reprise ou à la création d’entreprise (l’ARCE) concerne les créateurs d’entreprise qui disposent de l’aide de retour à l’emploi (ARE). Elle permet – sous condition – de recevoir le montant de l’ARE sous forme de capital, à hauteur de 45 % du montant des droits restant à verser lors du début de l’activité.
Toutes ces aides constituent un coup de pouce appréciable lors du lancement de son entreprise. Elles sont souvent complétées par d’autres modes de financement.
Les différents modes de financement de la création d’entreprise
De manière classique, on distingue deux principaux moyens de financement d’entreprise : le capital et la dette financière. L’arbitrage entre ces deux ressources est très important. Car chacune dispose d’avantages et d’inconvénients spécifiques en termes de droits de propriété, d’impact sur les résultats et la trésorerie, ou de dépendance.
Nous verrons également qu’il existe d’autres modes de financement, comme le crowdfunding ou les BSA par exemple.
Les différents types d’apports
Une des caractéristiques d’une société réside dans le capital social. En effet, lors de sa création, les fondateurs doivent effectuer des apports pour créer le capital social de l’entreprise. C’est une étape indispensable à la création.
Les associés peuvent faire 3 types d’apports : en numéraire, en nature ou en industrie.
L’apport en numéraire
L’apport en numéraire est simplement l’apport d’une somme d’argent par un associé, au capital de l’entreprise.
Lors de la constitution, les fonds apportés par les associés doivent être consignés sur un compte bancaire. Ces sommes sont ensuite débloquées, une fois la société immatriculée.
Selon la forme juridique de l’entreprise – et la limite de la responsabilité des associés – les apports en numéraires peuvent être libérés en partie lors de la création. Puis, le solde de l’apport peut être déposé sur le compte bancaire de la société, dans les années qui suivent.
À noter que tant que le capital social n’a pas été totalement libéré, aucune augmentation de capital n’est autorisée.
Source : l-expert-comptable.com
Notons également existence de l’apport en compte courant, où les associés peuvent avancer des fonds à l’entreprise. Ces fonds ne contribuent pas à la création du capital social (contrairement aux apports en numéraire) et peuvent être rémunérés.
L’apport en nature
Il s’agit d’apports autres que de l’argent. L’apport en nature peut donc être matériel (immeubles, équipements, véhicules) ou immatériel (logiciels, brevets, marques, fonds de commerce). En échange, l’associé reçoit des parts de la société, à hauteur de la valeur des biens.
L’apport en nature n’approvisionne pas directement la société en cash. Mais il fournit des actifs ayant pour objectifs de donner des avantages économiques à l’entreprise, sur le long terme.
L’apport en industrie
L’apport en industrie est le moins connu. Il s’agit de l’engagement d’un associé à apporter un savoir-faire, une activité, ou une compétence précise à la société.
Les apports en industrie ne contribuent pas à la formation du capital social. Mais l’apporteur perçoit tout de même des parts dites “en industrie”, qui ouvrent droit au partage des bénéfices et des pertes.
Tout comme l’apport en nature, l’apport en industrie ne finance pas directement l’entreprise. À noter également que certaines formes sociales n’autorisent pas l’apport en industrie (SA, SCA, SCS).
Financer sa création par emprunt
L’emprunt est une dette financière contractée par une personne (physique ou morale), auprès d’un organisme de crédit.
Pour une entreprise, il s’agit d’un mode de financement non-dilutif. C’est-à-dire que les associés ne perdent aucuns droits de propriété (actions ou parts sociales) en contrepartie de l’emprunt. Car l’emprunt est une dette financière, et non une opération visant le capital de la société (contrairement à la levée de fonds, par exemple).
Une des caractéristiques de l’emprunt est le paiement d’intérêts. En effet, l’entreprise rémunère l’organisme de crédit en versant des intérêts, en plus du remboursement du crédit (et de l’assurance emprunteur). Ces intérêts sont déductibles du résultat comptable de l’entreprise, ou de l’impôt sur les revenus des associés (cf. paragraphe sur les aides fiscales).
Le remboursement de l’emprunt peut se faire de différentes manières (annuités constantes, in fine, échéance annuelle, etc.). Il est important d’accorder le mode de remboursement de l’emprunt avec vos projections financières (cf. notre paragraphe sur le business plan).
Financement participatif et projet entrepreneurial
Le financement participatif fait parler de lui ces dernières années. Notamment dans le cadre de la création de nouveaux projets entrepreneuriaux.
Selon le site du gouvernement, le financement participatif (ou crowdfunding) correspond à “un échange de fonds entre individus en dehors des circuits financiers institutionnels, afin de financer un projet via une plateforme en ligne”.
En comparaison à l’emprunt, le financement ne passe pas par un organisme de crédit.
Aussi, une plateforme en ligne sert d’intermédiaire entre :
- – Les porteurs de projets ayant besoin de fonds
- – Les investisseurs souhaitant investir leur argent
Le financement peut prendre plusieurs formes :
- – Un don, où l’investisseur n’attend pas de rémunération
- – Un prêt avec ou sans intérêts (crowdlending)
- – Un investissement en capital (crowdequity)
Les autres moyens de financement
L’ingénierie financière met à la disposition des entrepreneurs une large gamme d’outils financiers. Nous avons évoqué plus haut les sources de financements les plus communes : l’apport en capital, l’emprunt et les aides. Le financement participatif venant compléter des formes classiques de financement.
Les autres moyens permettant de financer la création d’une entreprise que nous souhaitons vous partager sont les suivants :
- – Les obligations
- – La levée de fonds
- – Les bons de souscription d’actions
Les obligations
Les obligations sont des titres de créances pour l’entreprise. Celle-ci contracte un emprunt qu’elle fait financer par des investisseurs. Ces derniers – détenteurs d’obligations – obtiennent des intérêts, en contrepartie de leur aide au financement de la société. Il existe plusieurs types d’obligations (convertibles, perpétuelles, à taux fixe, etc.).
La levée de fonds
La levée de fonds est une opération financière, où l’entreprise fait entrer de nouveaux investisseurs dans son capital. Ces derniers reçoivent des parts de la société, en échange de leurs apports.
Dès la création, il est possible de lever des fonds auprès d’investisseurs. Bien souvent, ces premiers apporteurs sont des proches (famille ou amis) ou font partie du réseau “de premier cercle” des entrepreneurs. On qualifie ces fonds de “love money”.
Par la suite, de nouvelles levées pourront accompagner le développement de l’entreprise.
Les bons de souscription d’actions
Un bon de souscription d’actions (BSA) est une valeur mobilière qui donne le droit au bénéficiaire d’acheter des actions de l’entreprise, à un prix fixé d’avance. Les BSA peuvent être souscrits uniquement dans les sociétés par actions (SA, SAS et SCA).
L’émission de BSA permet à la société d’obtenir des fonds immédiatement, tout en augmentant le capital ultérieurement, lorsque les actions seront effectivement achetées par les titulaires des bons.
À noter que ces bons de souscription en actions peuvent être remboursables (BSAR). Dans ce cas, la société émettrice se réserve le droit de racheter les bons, à l’échéance fixée à l’avance. C’est un excellent outil pour compléter une première levée de fonds par exemple, afin de maîtriser la dilution du capital.
Il existe donc de nombreux moyens de financer sa création d’entreprise. Il est important pour vous d’avoir une vue d’ensemble, afin de choisir le financement le plus adapté. Nous aurons l’occasion d’analyser les caractéristiques de ces différents outils financiers – ainsi que leur rôle dans le financement de l’innovation et de la croissance d’entreprise – dans des articles dédiés.
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FAQ – Le financement de la création d’entreprise
Cette partie est dédiée aux questions les plus fréquemment posées à propos du sujet de cet article.
Comment financer sa création d’entreprise ?
Vous pouvez financer la création de votre entreprise de plusieurs manières. Tout d’abord, il existe des aides financières (prêts d’honneurs), fiscales (exonérations) et sociales (ACRE et ARCE) qui peuvent grandement vous aider. Ensuite, vous pouvez financer ce nouveau projet de manière classique en apportant du capital (à titre personnel ou via d’autres personnes) ou en souscrivant à un emprunt. Enfin, le financement participatif est aussi un bon moyen de financer la création de son entreprise, en faisant appel à des personnes ou des entreprises ayant des fonds à disposition.
Quelles sont les subventions pour la création d’entreprise ?
Les subventions et les aides à la création d’entreprise sont de plusieurs sortes. Tout d’abord, des aides financières telles que les prêts d’honneurs. Ensuite, des aides fiscales qui permettent d’exonérer l’imposition de sociétés qui s’établissent dans certaines zones (centres-villes, ZRR, ARR, etc.). Il existe également des aides sociales telles que ACRE (réduction des cotisations sociales) et l’ARCE (déblocage de l’aide au retour à l’emploi sous forme de capital). Enfin, des subventions sectorielles sont possibles pour des activités précises, telles que l’édition de livres, la presse locale ou le spectacle vivant.