1 – Comment financer une idée d’innovation ?
Avant même d’avoir créé une start-up, monté une équipe ou développé un prototype, il va vous falloir trouver des financements. Ce sera pour vous la garantie de pouvoir vous lancer dans la recherche et le développement sereinement.
Nous allons voir qu’il existe plusieurs moyens de financer votre projet : les fonds propres, les aides, le financement bancaire, ou le crowdfunding.
“L’innovation désigne l’introduction sur le marché d’un produit ou d’un procédé nouveau ou significativement amélioré par rapport à ceux précédemment élaborés par l’unité légale. Deux types d’innovation sont distingués : les innovations de produits (biens ou services) et de procédés (incluant les innovations d’organisation et de marketing)” (Insee).
1.1 – Financer l’innovation par fonds propres
Les fonds propres correspondent au capital apporté par le porteur de projet, à titre personnel. À ce stade, ces fonds sont indispensables. Outre leur utilité pour payer les premières charges, ils montrent à vos investisseurs potentiels votre engagement personnel dans le projet.
Cet effort financier que vous allez devoir fournir semble indispensable. Mais soyez conscient que malgré votre engouement et vos convictions, lancer un projet d’innovation est risqué. Par conséquent, n’y placez pas toutes vos économies.
Une des solutions les plus communes pour compléter l’apport en fonds propre, est de faire le tour de son premier cercle (famille, amis, proches). Le but étant de leur présenter votre idée et de récolter des avis, des conseils, mais aussi du capital. Cet argent est ce que l’on appelle la love money.
Ce capital pourra ensuite être complété par d’autres sources de financement.
Avis d’expert –
Les apports en comptes courants d’associés
L’apport en compte courant d’associé est une solution permettant de compléter les apports au capital social.
Contrairement aux apports en numéraire, il s’agit ici d’un prêt des associés envers la société. Cela signifie que ces sommes n’entrent pas dans la composition du capital social (avec les risques qui en découlent) et qu’elles peuvent être rémunérées par des intérêts.
Un des avantages est la liquidité : les sommes déposées en compte courant sont disponibles lorsque l’associé en a besoin.
Aussi, dans l’éventualité où l’un des associés dispose de plus de liquidités que les autres, il peut compléter son apport en capital par un apport en compte courant, pour ne pas diluer les droits des autres associés.
L’arbitrage entre apport en capital et apport en compte courant est donc un point à étudier, lors de la création et du développement de la société.
1.2 – Les aides pour financer le début du projet
Il existe de nombreuses aides dont l’objectif est de financer les idées d’innovation. Il peut s’agir de prêts d’honneur, de bourses ou de subventions par exemple. C’est un excellent moyen de compléter l’apport en fonds propres. Voici un tour d’horizon des aides à votre disposition.
1.2.1 – Les Bourses Bpifrance
La Banque publique d’investissement a notamment pour rôle de soutenir les entreprises innovantes. Cet organisme de financement propose deux aides particulièrement utiles à ce stade de votre projet :
- – La Bourse French Tech dont le but est “d’accompagner la maturation et la validation technico-économique du projet innovant” (source : Bpifrance). Cette bourse s’adresse aux créateurs ou aux jeunes entreprises. Elle sert à financer les premières étapes du projet : étude de faisabilité, tests, marketing, etc. Vous pouvez consulter ici les modalités et conditions d’obtention de cette aide.
- – La Bourse French Tech Emergence qui s’adresse particulièrement aux Deep Tech (jeunes entreprises ayant un projet d’innovation de rupture). Elle sert à accompagner ces jeunes entreprises dans “l’évaluation et l’analyse du potentiel du projet innovant ainsi que ses perspectives de marché” (source : Bpifrance). Les conditions d’obtention de cette aide sont disponibles ici.
1.2.2 – Les aides régionales
Il existe des subventions mises en place dans les régions, pour financer les projets d’innovation. Nous pensons principalement :
- – Au diagnostic innovation : il s’agit d’un accompagnement et d’une subvention (jusqu’à 8 000€) destinés aux petites entreprises lançant une démarche d’innovation.
- – À l’aide Innov’up en région Île de France : Une aide (jusqu’à 500.000€ de subvention et 3 millions d’euros d’avance récupérable) destinée aux projets de recherche, développement et innovation (RDI) en Île de France. Ces projets peuvent être soutenus par des TPE, PME, ETI, ou certaines associations.
Notez que vous pouvez faire une recherche d’aides par région, grâce à cette page du site Bpifrance ou à la base nationale des aides publiques aux entreprises.
1.3 – Le crowdfunding
Le financement participatif (crowdfunding) s’est fortement développé ces dernières années. Il permet aux entreprises de faire financer certains projets par des internautes, via des plateformes. C’est un mode de financement totalement dématérialisé. Il a donc l’avantage d’être simple pour les investisseurs : inscription sur une plateforme, choix du projet, financement en ligne.
Ce financement peut prendre la forme de dons, de prêts (avec ou sans intérêts) ou d’investissements (crowdequity).
Financer son innovation grâce au crowdfunding demande des qualités en termes de communication, afin de présenter un projet différenciant qui plaise aux utilisateurs de ces plateformes.
Notez également que le crowdfunding peut être utilisé durant les phases suivantes : le financement de la recherche et développement, ou du lancement du projet.
2 – Financer la phase de recherche et développement
Le projet commence à avancer et donne lieu aux phases de recherche et développement. Les fonds nécessaires peuvent être élevés, et supérieurs à ceux obtenus durant la première phase. Car vous devez financer la réalisation de prototypes, de préséries, des dépenses de propriété intellectuelle, la démarche design, des études de marché et plan d’affaires… Pour financer cette étape clé, vous avez la possibilité de passer par des subventions, des concours, des prêts ou encore, des aides fiscales.
2.1 – Les subventions
Des subventions sont particulièrement adaptées à cette phase qui précède le lancement de l’innovation. Les principales étant :
- – L’AFI (Aide pour la faisabilité de l’innovation) : subvention (jusqu’à 30 000€) qui finance des projets de recherche-développement et innovation (RDI). Le but de cette subvention est de faciliter le financement de l’étude de faisabilité, le recrutement et la commercialisation du projet.
- – L’ADI (Aide pour le développement de l’innovation) : avance récupérable ou prêt à taux zéro pour l’innovation R&D (maximum 3 millions d’euros). Quatre critères sont pris en compte pour pouvoir y prétendre : le caractère innovant du projet, la capacité financière de l’entreprise à porter le projet, les barrières à l’entrée sur le marché, le potentiel de croissance.
- – Le PIA (Programme d’investissement d’avenir) : “Engagé depuis 10 ans le PIA, finance des investissements prometteurs et innovants sur l’ensemble du territoire et dans des secteurs stratégiques pour la France (transition écologique, compétitivité des entreprises, enseignement supérieur et recherche, souveraineté industrielle, économie numérique…)” (source : gouvernement.fr). Ce programme mis en place par l’Etat français se caractérise par des appels à projets visant à augmenter le potentiel de croissance et l’emploi sur le territoire.
2.2 – Participer à des concours
Certains concours d’innovation, d’entrepreneuriat ou de start-up sont de très bons moyens de gagner en visibilité, obtenir de précieux feedbacks et élargir votre réseau. Ces concours offrent parfois des récompenses qui permettent de financer cette phase du projet. Voici quelques exemples :
- – Le Concours i-Lab : qui finance jusqu’à 60% des dépenses d’un projet de création d’une entreprise de technologies innovantes sur le territoire français (dans la limite de 600 000€).
- – Le Prix Pépite : “Créé en 2014, le Prix PEPITE est né de la volonté du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation d’encourager l’esprit d’entreprendre auprès des jeunes de l’enseignement supérieur, de renforcer le soutien à la création d’entreprises innovantes et de mieux accompagner le développement des projets qui émergent avec le soutien des PÉPITE” (source : Pépite France). Idéal pour les étudiants ou les jeunes diplômés qui souhaitent développer un projet d’innovation technologique ou non technologique (social, procédé, organisation…).
- Les Concours d’innovation – i-Nov : appel à projets financé par le PIA (voir plus haut dans l’article) ayant pour but de sélectionner des projets d’innovation français, au potentiel de développement élevé. Les critères d’éligibilité et les thématiques pouvant être financées sont détaillés ici.
Vous pouvez retrouver les concours sur cette page du site de Bpifrance.
2.3 – Les aides fiscales pour l’innovation
Afin de favoriser l’innovation, la compétitivité et l’emploi, l’administration française a mis en place des aides fiscales. Il s’agit principalement de crédits et d’exonérations d’impôts :
- – Le crédit d’impôt recherche (CIR) : mesure fiscale destinée aux entreprises pratiquant une démarche de R&D. Les dépenses engagées en recherche fondamentale et développement expérimental peuvent être déduites de l’imposition sur les bénéfices.
- – Le crédit d’impôt innovation (CII) : dispositif d’aide aux PME innovantes, qui complète le crédit d’impôt recherche (CIR). Ces entreprises peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt de 20% des dépenses “nécessaires à la conception de prototypes ou d’installations pilotes de produits nouveaux” (source : entreprises.gouv.fr).
- – La Jeune Entreprise Innovante (JEI) ou Universitaire (JEU) : statut permettant aux nouvelles entreprises qui investissent dans la R&D de bénéficier d’exonérations fiscales et sociales. L’essentiel à propos des démarches, conditions et allègements est disponible sur cette page du site du gouvernement.
Une fois les phases de recherche et de développement financées et concluantes, une nouvelle étape clé se profile : le lancement du projet. Il vous faut alors trouver de nouvelles ressources financières.
3 – Financer le lancement du projet
C’est l’heure du grand saut ! Votre innovation va être lancée sur le marché pour satisfaire la demande. À ce niveau-là, les fonds de l’entreprise sont principalement composés de capitaux propres et de subventions. Cette base financière ainsi que l’aboutissement des deux précédentes étapes représentent des signaux positifs pour de nouveaux acteurs du financement. Les investisseurs et les établissements financiers se présentent comme des partenaires de choix pour lancer votre projet innovant.
Nous vous parlerons dans cette dernière partie des prêts d’honneur, du capital-risque, et du financement bancaire de l’innovation.
3.1 – Les dispositifs de prêts et de garanties
Afin de renforcer votre structure financière et susciter de la confiance auprès de nouveaux financeurs, vous pouvez vous tourner vers des dispositifs de prêts et de garanties. Cette première étape consolidera votre projet, lorsque vous le présenterez aux banques ou aux investisseurs. Les principaux dispositifs sont les suivants :
- – Le prêt d’honneur : un prêt à taux zéro (ou faible), ne nécessitant pas de garantie personnelle ou réelle. Il est accordé à un dirigeant afin qu’il puisse consolider son apport dans la société créée ou reprise. Vous pouvez obtenir ce type de prêt via France Active, Réseau Entreprendre, ou Initiative France par exemple.
- – Le prêt d’amorçage : prêt octroyé par Bpifrance, servant à renforcer la trésorerie d’une société souhaitant lever des fonds. Le montant minimum est de 50 000 euros.
- – La garantie PME InnovFin : garanties qui couvre des emprunts facilitant l’accès au financement par la dette pour des PME innovantes (en savoir plus sur le site de la Banque européenne d’investissement).
- – Le prêt innovation : prêt d’un montant maximum de 5 millions d’euros, pour financer le lancement d’une innovation en France ou à l’étranger. Ce prêt s’adresse aux entreprises créées depuis plus de trois ans et finance les dépenses immatérielles nécessaires à l’industrialisation et à la commercialisation (propriété intellectuelle, certifications, marketing, etc.).
- – La garantie innovation : couvre des prêts à moyen ou long terme (y compris des crédits-bails et des prêts personnels pour renforcer les apports des associés), dont l’objet est le développement de produits ou services innovants ou “l’introduction d’une technologie ou technique nouvelle dans un des processus de l’entreprise” (source : Bpifrance).
3.2 – Le financement bancaire de l’innovation
Le financement bancaire de l’innovation a pour double intérêt :
- 1. De ne pas diluer les droits des associés dans l’entreprise ;
- 2. Et d’agir comme un véritable levier lors du lancement industriel ou commercial de l’innovation.
C’est également un moyen de diversifier les sources de financement du projet et d’envoyer un signal positif supplémentaire pour des investisseurs.
L’emprunt est la solution de financement bancaire la plus traditionnelle. Un projet d’innovation – et notamment la création d’une start-up – étant particulier (risques élevés, actifs immatériels importants), les banques demandent :
- – Un niveau de fonds propres important, par rapport aux sommes empruntées
- – Des garanties (voir plus haut dans cet article) et/ou des cautions
Elles analysent bien évidemment la gestion financière de l’entreprise ainsi que les documents prévisionnels.
Les crédits à court ou moyen terme peuvent également servir au lancement de votre innovation. Il existe plusieurs crédits de ce type, dont :
- – Les crédits de trésorerie : qui financent des besoins ponctuels de trésorerie.
- – Les crédits de mobilisation de créances : qui permettent de réduire le délai d’encaissement de vos ventes (affacturage ou escompte par exemple).
Les banques ont également mis en place des incubateurs dédiés à l’accompagnement et au développement d’entreprises innovantes.
3.3 – Fonds d’investissement et capital-risque
Ouvrir le capital de sa société à des investisseurs peut être une solution pour lancer un projet d’innovation. Il existe de nombreux fonds d’investissement, dont certains sont dédiés au capital-risque.
Selon le site du gouvernement, un fond de capital-risque est :
“Un produit d’investissement qui permet de participer au capital d’une entreprise disposant d’un potentiel de croissance élevé. En contrepartie de cet investissement au capital, l’entreprise cède aux investisseurs des actions ou parts sociales. La majorité des investissements au capital-risque est faite par des professionnels. Les entreprises soutenues par ces fonds disposent le plus souvent du statut de jeune entreprise innovante”.
Dans ce cas, vous ouvrez le capital de votre société à des investisseurs, en échange de fonds. Votre pourcentage de détention du capital social diminue : on parle de dilution du capital. Aussi, ces investisseurs entrent au conseil d’administration de l’entreprise. En obtenant des droits de vote, ils participeront à des décisions importantes.
Malgré cette dilution, vous augmentez les ressources financières de l’entreprise, sans avoir recours à la dette. Ce qui renforce votre structure d’endettement, améliore votre taux d’indépendance financière et peut agir comme levier pour un nouveau financement par emprunt.
“Les fonds de capital-risque sont administrés par des sociétés de gestion qui doivent avoir obtenu un agrément auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Vous pouvez consulter l’annuaire GECO, développé par l’AMF, qui répertorie les sociétés de gestion agréées” (source : economie.gouv.fr).
Vous disposez donc d’un tour d’horizon des principaux moyens à votre disposition pour financer un projet d’innovation. Chaque phase (Idée → R&D → Lancement) dispose de modes de financement spécifiques. Et chaque mode sera plus ou moins adapté en fonction du projet et de vos ambitions.
Face à toutes ces solutions, il peut être compliqué de prendre une décision éclairée. Si vous avez besoin d’informations complémentaires concernant le financement de votre projet, n’hésitez pas à contacter un de nos experts.
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4 – FAQ – Le financement de l’innovation
Cette partie est dédiée aux questions les plus fréquemment posées à propos du sujet de cet article.
En complément, nous vous invitons à lire l’article suivant :
Financement de l’innovation : nos 3 meilleurs conseils
4.1 – Qui peut m’aider à financer mon projet ?
Il existe de nombreuses aides, subventions et solutions pour vous aider à financer votre projet. La Banque Publique d’Investissement (BPI) propose de nombreuses solutions, adaptées à chaque phase du projet. Aussi, des aides et subventions régionales sont à votre disposition. Le financement participatif (crowdfunding) peut être une solution pour financer votre idée d’innovation. Enfin, les banques, incubateurs et fonds de capital-risque peuvent vous aider à accélérer fortement le déploiement de votre projet.
4.2 – Comment financer un projet innovant ?
Il existe 2 principaux modes de financement d’un projet innovant : le capital et la dette.
Le capital est composé des fonds propres apportés par les actionnaires. Ces derniers peuvent être à l’origine du projet (fondateurs) où arriver en cours de route (comme des investisseurs par exemple). Les subventions font aussi partie du financement par capital.
La dette est principalement bancaire. Il s’agit d’emprunts ou de crédits effectués auprès d’un établissement dédié.
Outre le capital et la dette, des aides, concours, ou financement tels que le crowdfunding peuvent également vous aider à rassembler des fonds.
4.3 – Quelle solution permet de financer le prototypage ?
Le prototypage peut être financé par des subventions telles que AFI, l’ADI ou le PIA par exemple. Des concours permettent également de financer cette phase de recherche et développement (concours I-Lab, Prix Pépite…). Enfin, les aides fiscales tels que les crédits d’impôts recherche et innovation (CIR et CII) ou le statut de jeune entreprise innovante (JEI ou JEU) peuvent vous aider dans cette étape clé.